Mettant en scène Fred Spaven au guidon d’une Royal Enfield électrique, le film « Charging Bullet » s’est vu nominer à l’International Moto Film Awards de 2020. Ces récompenses aux films sur l’univers de la moto se tiendront aujourd’hui, le 30 novembre 2020, à Londres. Retour sur un film narrant le périple d’une moto rétrofitée.
Un périple électrique de 2250 kilomètres
« The way we travel is changing » – La manière dont nous voyageons est en train de changer, dit Fred Spaven dans la bande-annonce de son projet. Ce projet fut triple : effectuer un retrofit sur une moto électrique et s’en servir ensuite pour un long voyage tout en réalisant un documentaire sur ce dernier.
Derrière la moto et le film, une équipe
Fred Spaven est un ingénieur mécanique passionné par tout ce qui concerne l’automobile, et en particulier tout ce qui est inhabituel. Il est le responsable de Spaven Engineering ; une entreprise britannique spécialisée dans la restauration et la modification de voitures et motos classiques. Notamment, dans la modification de moto thermique vers l’électrique : le retrofit. Fred Spaven est celui qui a modifié la moto et qui l’a ensuite pilotée durant le tournage du film. Finn Varney est le réalisateur de ce film documentaire. On lui doit plusieurs documentaires, publicités et courts métrages.
Une Royal Enfield électrique maison
Ce retrofit maison a débuté il y a plus de deux ans. La Royal Enfield électrique a été construite sur la base d’une Bullet 350 cm3 de 1961. Celle-ci, d’après Fred Spaven, a beaucoup, beaucoup roulé. Elle a fait son temps, mais n’est pas morte pour autant – c’est une Royal Enfield.
Une base simple mais solide
C’est après une longue recherche que le choix s’est porté sur cette moto. Fred Spaven explique : « Je cherchais un cadre simple, robuste, relativement ouvert et épuré afin de laisser de la place aux boîtiers des batteries. Idéalement, les pièces neuves devaient être facilement disponibles, les pièces du cadre et de cycle devaient être en bon état ».
Pour la partie électrique, Fred Spaven ajoute : « Il y a deux ans, mon point de départ a été les batteries. À cette époque, on pouvait penser que la seule option abordable financièrement était les batteries au plomb-acide. Mais celles-ci sont lourdes et encombrantes. Elle pouvait alors peut-être convenir aux livreurs de lait, mais pas à un tel projet de conversion d’une telle moto et pour un tel voyage ».
Le lithium-ion a changé la donne
Fred Spaven explique : « Cependant, les dix dernières années ont vu une explosion de la technologie des batteries. Les marques comme BMW et Tesla ont montré ce qu’il était possible de réaliser avec les batteries lithium-ion ». Les temps ont changé : « Il y a aujourd’hui suffisamment de batteries d’occasion disponibles pour que leur coût soit incroyablement inférieur à celui des batteries au plomb. C’est cette évolution qui a rendu ce projet possible ».
Les mains dans le cambouis
Et pour la partie technico-technique, Fred Spaven détaille : « L’entraînement de notre Royal Enfield électrique provient d’un moteur à courant continu et à balais Saietta, fournissant 8,5 kW en 48 V. Il est contrôlé par un calculateur Kelly. Le système de gestion de batterie (BMS) est un Orion ».
Tout le bloc moteur et batterie est maintenu dans un sous-châssis en acier, conçu et construit par Fred Spaven : « Ce sous-châssis se boulonne dans le cadre de la Bullet en lieu et place du moteur et de la boîte de vitesse d’origine ».
Le poids total de la moto ne dépasse même pas celui de la moto d’origine : « Et avec à peu près la même puissance. Et tout aussi agréable à conduire, bien que sans la bande-son classique du moteur 350 cm3 indien ».
La Royal Enfield électrique sur la route
Fred Spaven détaille l’itinéraire de son voyage : « Il nous a emmenés de Land’s End, à travers les Midlands industriels où la Bullet est née en 1961. Avec la caméra de Finn Varney en marche, sur notre route, nous avons croisé l’Hipercar de 1200 chevaux entièrement électrique. Nous avons conduit les bus roulant au biogaz à Bristol. Nous avons vu apprécier le vélo de course électrique de l’Université de Nottingham battre des véhicules thermiques à Donnington Park. À l’Université de Durham, nous avons vu une voiture Solar Challenge capable de voyager à travers l’Australie sans avoir besoin d’être rechargée. Enfin, une batterie capable de se recharger en quelques secondes à l’université de Glasgow ».
Le coup de la panne
Tout au long du tournage, la Royal Enfield électrique a bien fonctionné. Mais, Fred Spaven raconte : « Dans le Peak District, un gros virage m’a pris au dépourvu, petite chute. On s’en est sorti avec quelques éraflures sur la Bullet. Elle est très résistante, on a pu continuer malgré tout ». Puis, une inévitable panne de batterie : « C’était lors d’un long trajet de nuit à Édimbourg. Je me suis perdu dans la banlieue de la ville, batterie à plat : la moto a dû terminer le trajet en camion… »
Mais le moment le plus dur a peut être trouvé sa place dans les Highlands : « Elles se sont avérés être le véritable ennemi du voyage. Il y a eu plusieurs jours de chutes de neige en continu. Cela nous a obligés à faire des détours et cela a interrompu notre progression vers le nord, notre objectif.
2250 kilomètres achevés : « Nous avons atteint John o’Groats, un village nord des Highlands, en Écosse. Là bas, nous avons pu célébrer la fin de notre voyage autour d’un verre de whisky tout au bout de la jetée du port. D’où nous nous trouvions alors, nous avons pu admirer les îles Orkney, au large. C’est un voyage réussi pour une moto électrique conçue à l’origine pour un trajet de 55 kilomètres !
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