Jonas Ohlsson est le fondateur de Pepper Motorcycles. Le constructeur suisse vient de dévoiler le prototype de sa future moto électrique vintage. A l’occasion de la présentation de son nouveau véhicule, Jonas Ohlsson a accepté de répondre à nos questions.
Ce deux roues peut être vu comme une symbiose entre une moto et un vélo. D’un style fortement inspiré du monde du café racer voire scrambler, son prototype est équipé d’un moteur électrique délivrant 3 kW en nominal et 6 kW en pic. Sa vitesse peut atteindre les 70 km/h. La capacité de sa batterie est de 700 Wh – c’est très peu, mais, comme l’explique le fondateur dans cette interview, ceci est loin d’être définitif : il s’agit d’une batterie de test.
Comment a débuté l’aventure Pepper Motorcycles ?
Jonas Ohlsson : « Un jour, en observant un vélomoteur roulant sur la route en face de chez moi, je me suis interrogé sur le sort de ce véhicule. À cette époque, la vente des vélos électriques était en forte augmentation. Les vélos électriques devenaient de plus en plus puissants, tout aussi puissants que ces vélomoteurs. Cette observation m’a ouvert les yeux sur un point en particulier : le potentiel des nouvelles technologies des véhicules électriques. Je me suis alors mis à imaginer à quoi pourrait ressembler un vélo encore plus puissant ? Un vélo électrique qui pourrait concurrencer les motos ? »
« J’ai commencé à dessiner des croquis de ce “vélo-moto”. Plus j’avançais, plus ce vélo que je concevais ressemblait à une moto classique par sa puissance et de par l’absence de pédalier. J’ai donc tourné le problème dans l’autre sens : pourquoi ne pas essayer de concevoir une moto électrique avec des caractéristiques héritées du vélo ? Un deux roues léger, agile et simple d’utilisation ; un produit qui pourrait se positionner dans ce “gap” entre le E-vélo et la E-moto, avec des caractéristiques qui le rendraient très adapté au milieu urbain. De ces croquis, j’ai eu envie de réellement concevoir et fabriquer un prototype de cette moto ».
Pourquoi avoir fait le choix d’une moto électrique typée café racer ?
JO : « Je suis moi-même fan de moto vintage et de café racer, j’ai ajouté ce style au projet. Style qui était aussi en adéquation avec les motos urbaines. Très vite, j’ai été rejoint par des amis, trouvant l’idée intéressante et eux aussi amateur de moto. Nous avons dès lors commencé à concevoir et fabriquer petit à petit le prototype durant notre temps libre. Pour terminer, nous avons trouvé un nom de marque : Pepper Motorcycles était né ».
Comment est composée l’équipe Peppers Motorcycles aujourd’hui ?
JO : « Aujourd’hui, je suis seul sur ce projet. J’ai reçu une aide précieuse de mes amis et de ma famille qui ont participé à la construction de ce prototype et ainsi que de la marque Pepper Motorcycles. Les gens sont allés et venus dans ce projet, chacun en apportant sa pierre à l’édifice. Il n’y a donc pas encore à proprement parler d’équipe aujourd’hui. C’est mon intention d’en monter une pour une future phase de commercialisation ».
Votre moto est et sera fabriquée en Suisse ?
JO : « Oui la moto a été entièrement fabriquée en Suisse. J’ai loué un petit local et eu accès à un atelier de serrurerie de mon beau-frère pour réaliser le châssis et les parties mécaniques. Sans l’accès à ces locaux ce projet serait resté sur le papier. Pour la suite, c’est effectivement mon souhait de vouloir le fabriquer en suisse avec les gages de qualité qui y sont associés. Je dois aujourd’hui déterminer la viabilité de le produire entièrement ou en partie en Suisse. C’est pourquoi je souhaite débuter avant tout une phase de levée de fonds qui me permettra pour démarrer la deuxième phase de prototypage axé sur l’homologation et la fabrication en série ».
Comment le prototype de la Pepper Motorcycles a-t-il été fabriqué ?
JO : « Avec passion et détermination ! Elle est entièrement faite à la main. Ce prototype de la Pepper est parti d’une simple volonté de bricoler les soirs et les week-ends à côté de mon travail. Je travaille moi-même dans le domaine de l’ingénierie et j’ai une formation de base pratique dans la mécanique. Le châssis a été réalisé par un ami et moi-même. J’ai appris beaucoup de nouvelles disciplines pour réaliser le véhicule. Nous avons découpé, soudé, percé et plié les tubes jusqu’au pointage ».
« La partie soudure a été réalisée par un professionnel pour garantir la sécurité de la structure. La partie cycle vient de différents types de deux roues allant du vélo à la moto en passant par la mobylette. C’était toute la difficulté de ce projet, de combiner des éléments standards qui ne viennent pas de la même catégorie de deux roues. La partie carénage a été désignée par moi-même sur DAO et imprimée en 3D. J’ai dû beaucoup apprendre dans le domaine électrique. Là encore, j’ai eu de la chance d’avoir de l’aide d’un ami pour le câblage et les tests électrique ».
Combien de temps ce projet vous a-t-il demandé ?
JO : « C’est difficile à dire, car le projet en lui-même a débuté petit à petit sur des croquis il y a trois, quatre ans. J’ai commencé à acheter petit à petit des éléments et à concevoir en DAO chez moi, pendant mon temps libre. Cela, sans me donner de délais dans un premier temps. Le projet a réellement débuté au début 2019 lorsque j’ai pu commencer à construire le véhicule. Ce qui m’a pris le plus de temps a été les nombreuses recherches dans le domaine des EV et de l’ingénierie des motos. Domaine que je ne connaissais pas. Aujourd’hui, la plus-value de Pepper Motorcycles réside surtout dans la grande quantité de connaissances accumulées, de la documentation, de recherche de fournisseurs, partenaires et du savoir-faire ».
Comment décririez-vous le style des Pepper Motorcycles ?
JO : « Un style novateur, je dirais. Il y a déjà ce mix entre moto et vélo volontairement recherché qui le rend difficile à catégoriser. Ensuite, il y a la propulsion électrique qui la rend différente des motos standards à essence. Pour le design, j’ai moi-même une Triumph Bonneville. J’ai voulu apporter ce style classique vintage au projet. Ce style est aussi en adéquation avec les motos urbaines. Marché que je souhaite cibler. On peut le catégoriser comme un café racer ou scrambler, au choix ».
Quelles améliorations avez-vous prévues avant sa commercialisation ?
JO : « Beaucoup d’améliorations. Le châssis va être revu pour accueillir différemment la batterie. Les roues vont changer tout en gardant leur aspect léger. La puissance va doubler pour être compétitive dans la catégorie des L3e-A (125cc). Et bien sûr la batterie… Aujourd’hui c’est une batterie de test. Je vise une capacité beaucoup plus grande pour permettre aux gens de faire leur trajet quotidien sans inquiétude. Je n’ai bien sûr pas encore les chiffres définitifs d’autonomie. Le design va être légèrement revu pour améliorer le confort de position. Mais le style et le design global resteront les mêmes ».
Peppers Motorcycles compte-t-il un jour produire un équivalent 50 cm3 ?
JO : « Non, uniquement en équivalente 125 cm3 ou L3e-A1. C’était toute l’idée de base du projet de propulser un “vélo” en catégorie moto. Je ne pense pas m’implanter sur le marché des 50 cm3. Pas pour ce véhicule en tous cas ».
Comptez-vous proposer un jour les Pepper Motorcycles sur le marché français ?
JO : « Bien sûr ! C’est ma volonté première de la vendre en Europe. J’aimerais faire une homologation suisse et équivalente européenne. Pour la distribuer sur tout le continent en premier lieu ».
Votre prototype présente une batterie de 700 Wh. Avec 72V, cela donne une intensité d’un peu moins de 10 Ah… Quelle est l’autonomie de votre prototype ?
JO : « Le calcul est juste ! Cela donne à la Pepper Motocycles une autonomie d’environ 25 kilomètres sur le plat, sans vent. C’est peu, mais comme indiqué c’est une batterie de test pour un prototype. Pour des questions de budget nous n’avons pas pu nous offrir une plus grosse batterie sur mesure ».
C’est bien compréhensible…
JO : « Cette batterie me permet déjà de faire beaucoup de tests du véhicule. Le prochain prototype et version commercialisable aura, si le budget vient à venir, une capacité beaucoup plus élevée ».
Vous avez fait le choix d’être transparent dans votre communication…
JO : « La transparence est quelque chose auquel je tiens énormément. La marque Pepper Motorcyles va aussi la refléter. Il est facile aujourd’hui pour un constructeur de grossir les chiffres surtout d’un point de vue des autonomies. Les chiffres sont souvent présentés dans les meilleures conditions d’utilisation du véhicule, ce qui ne reflète pas forcément la réalité pour l’utilisateur. L’autonomie est et sera encore longtemps le nerf de la guerre pour les véhicules à batterie. C’est un marché relativement nouveau. C’est pourquoi je souhaite présenter les chiffres le plus honnêtement et précisément possible, car demain il y aura des critiques beaucoup plus aguerries sur le sujet (comme vous) et probablement des standards comme le WMTC qui sera imposé. Ce qui changera la donne… »
La Pepper Motorcycles en vidéo
Retrouvez Pepper Motorcycles sur son site officiel.
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